C’est un lieu hautement improbable, un peu magique, spectre de l’ancienne Banque de France, où le visiteur peut se perdre au détour de la salle des coffres ou dans la serre des monnaies. Avec la Maison de l’Art et de la Communication (MAC) de Sallaumines, LaBanque à Béthune s’inscrit dans le territoire métropolitain comme un prolongement du Louvre-Lens dédié à l’art contemporain.

Adieu clients, bonjour publics !

C’est en 2011, lors de l’événement Béthune, Capitale régionale de la culture, que se développe l’idée de faire de l’ancienne Banque de France un lieu dédié. S’ensuit un impressionnant chantier de réhabilitation, financé par la Région, le Département et l’Agglomération.

Au rez-de-chaussée, on trouve une boutique. Dans le jardin, un studio est aménagé pour recevoir un artiste en résidence. Le grand comptoir en marbre qui accueillait les clients est conservé. Au sous-sol, on découvre la salle des coffres. Plus loin la salle des monnaies, où étaient stockées piles de billets et montagnes de pièces. Dans les deux étages supérieurs, l’ambiance est radicalement différente avec l’appartement de fonction du directeur : espaces feutrés, parquets en chêne, cheminées en marbre et hauts plafonds. Ces quatre niveaux représentent plus de 1 500 m² d’exposition. En effet, et c’est là toute l’originalité muséale du centre, les œuvres sont installées dans tous les espaces. Tous les supports artistiques – photo, vidéo, peinture, sculpture – prennent place dans ce dédale fascinant, la plupart créés sur place.

Dérouter, surprendre, séduire

Pourtant, cette démarche en faveur de l’art contemporain ne va pas de soi. « Il n’y a pas une demande spontanée d’une majorité de la population » reconnaît Eric Deleval, élu en charge de la culture à la ville de Bruay la Buissière et à la Communauté d’agglomération. « Mais avec LaBanque, nous nous insurgeons contre l’idée fausse que l’art contemporain serait réservé à une élite. Construire ses publics constitue un vrai défi et nous avons choisi un angle prioritaire, celui de la jeunesse ». L’équipe du centre a entrepris un important travail de médiation en direction des établissements scolaires. « Nous sommes devenus un outil pour les enseignants » souligne Lara Vallet, responsable de LaBanque. Pour les classes qui développent un projet, l’agglomération finance les déplacements en autobus et assure la gratuité des visites. « Les gens nous font confiance, ils savent qu’on va leur faire découvrir quelque chose d’inédit, qu’on va les surprendre » ajoute la directrice.

Le centre multiplie également les actions pour les visites individuelles, comme les Murder party, jeux de rôles grandeur nature au cours desquels on découvre comment braquer la banque. Des rencontres avec les artistes sont régulièrement organisées.

LaBanque organise 2 expositions par an. L’équipement a aujourd’hui acquis une reconnaissance et une notoriété qui dépassent le territoire. Elle compte bien les renforcer grâce à la labellisation d’Euralens.